Bâtir une Europe de la défense qui garantisse la paix et la sécurité

I. En matière de défense européenne, le bilan d’Emmanuel Macron est un cuisant échec

1) Des promesses de 2017 de M. Macron qui ne sont pas tenues

Dans son Discours de La Sorbonne du 26 septembre 2017, Emmanuel Macron avait proposé de renforcer l’Europe de la défense et de la sécurité en créant une « force commune d’intervention » européenne opérationnelle pour 2020. Nous sommes en 2024 et cette force opérationnelle européenne n’existe toujours pas. M. Macron croit toujours au mythe fédéraliste de l’armée européenne alors qu’il faut favoriser les coopérations et les complémentarités entre les armées des nations européennes.

2) Des réalisations revendiquées par M. Macron qui ne sont pas les siennes

Si Emmanuel Macron revendique la création du premier budget militaire commun pour la défense, cette affirmation est inexacte. Le premier budget militaire commun pour la défense européenne a été lancé en 2017, mais annoncé au préalable par l’ancien président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker en septembre 2016 et soutenu par le Conseil européen en décembre 2016.

3) L’Europe de M. Macron et de Mme von der Leyen incapable de tenir ses engagements pris envers l’Ukraine en matière de fourniture de munitions

Alors qu’Emmanuel Macron explique depuis des mois que l’économie française doit passer en « économie de guerre », il n’en est rien. « Sur un million d’obus que l’Union européenne nous a promis, ce n’est pas 50 %, mais malheureusement 30 % qui ont été livrés », déclarait le président ukrainien Volodymyr Zelensky aux journalistes lors d’une conférence de presse aux côtés du Premier ministre bulgare Nikolaï Denkov à Kiev, le 26 février dernier. L’Europe de M. Macron et de Mme von der Leyen a été incapable de tenir ses engagements à l’égard de l’Ukraine.

4) La France n’aide pas suffisamment l’Ukraine, les Ukrainiens ont besoin de moins de mots et de davantage de munitions !

Du fait de l’état déplorable de nos finances publiques, la France est très en retard par rapport à nos voisins européens dans l’aide apportée à l’Ukraine selon les chiffres internationaux du Kiel Institute et même selon les chiffres du ministère des Armées.

En effet, avec 24 milliards d’euros d’aides, dont 19 milliards d’aide militaire, l’Allemagne fournit un effort sept fois plus important que la France en faveur du peuple ukrainien.

Avec 17 milliards d’euros d’aide, dont 10 milliards d’euros d’aide militaire, le Royaume-Uni fournit un effort quatre fois plus important pour l’Ukraine que la France de M. Macron.

En matière d’aide militaire à Kiev, la France arriverait seulement au quinzième rang des quarante-deux pays donateurs, selon l’Institut Kiel.

5) Des pays européens qui n’investissent pas suffisamment dans leur défense

L’engagement de porter les dépenses de défense à 2 % du PIB a été pris en 2014 pour les Etats membres de l’OTAN mais il n’est toujours pas tenu par beaucoup d’Etats membres de l’Union qui font aussi partie de l’OTAN. En 2023, la plupart des Etats membres de l’Union européenne ont consacré moins de 2 % de leur PIB à leur budget de défense.

La majeure partie des 27 pays de l’Union européenne dépensent seulement entre 1 % et 2 % de leur PIB dans le domaine militaire, dont la France avec 1,9 % en 2023. La moyenne des dépenses militaires des États membres de l’UE est de 1,1 % du PIB (1,9 % pour la France ; 1,2 % pour l’Allemagne contre 3,3 % aux États-Unis, 2,2 % au Royaume-Uni).

Dans l’UE, dix pays seulement ont réservé à la défense un montant au moins égal à 2 % de leur PIB en 2023, selon la CIA. Parmi eux, on retrouve la Pologne (3,9 %), la Grèce (3 %), l’Estonie (2,7 %) ou encore la Finlande et la Lituanie (2,5 %). Viennent ensuite la Hongrie et la Roumanie (2,4 %), la Lettonie (2,3 %) ainsi que Chypre et la Slovaquie (2 %).

6) Des Etats membres de l’Union européenne qui achètent peu de matériel fabriqué en Europe

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, 78 % des commandes d’armement de l’UE ont été passées à des acteurs non européens, dont 63 % aux États-Unis. La France n’affiche que 2,5 % de part de marché. Grâce à un gigantesque contrat de 13,7 milliards de dollars signé en 2022 avec la Pologne (1 000 chars de combat K2, 600 canons automoteurs K9, 48 avions de combat FA-50), la Corée du Sud atteint 10 % de part de marché sur les armements commandés depuis février 2022, selon ce même rapport.

7) Malgré ce que clame M. Macron, les Etats membres de l’Union européenne sont encore trop dépendants des Etats-Unis, le pilier européen de l’OTAN n’existe pas

Les États membres de l’UE peuvent théoriquement aligner 2,5 millions de soldats, près de 10 000 chars et 2 500 avions de combat. Mais 70 % de ces forces sont incapables d’opérer hors des frontières nationales. L’armée américaine compte moins de soldats (2,1 millions), mais elle bénéficie d’une capacité d’intervention 7 fois plus importante. L’Union européenne ne dispose d’aucune chaîne de commandement opérationnel propre.

II. Nos propositions pour bâtir une Europe de la défense qui garantisse la paix et la sécurité

Proposition 1 : imposer à chaque Etat membre de l’Union européenne de consacrer chaque année au moins 3 % de son PIB à la défense ce qui consolidera l’OTAN

Contrairement à Emmanuel Macron qui proclamait en 2019 que l’OTAN était en « état de mort cérébrale », nous estimons que l’OTAN est et doit rester le bras armé de la défense européenne, en lien avec nos alliés américains. L’engagement de porter les dépenses de défense à 2 % du PIB a été pris en 2014 pour les Etats membres de l’OTAN mais il n’est toujours pas tenu, même pas par la France en 2023 (1,9 %) ! Entre 1999 et 2021, le total des dépenses des Etats membres de l’Union européenne dans le domaine de la défense ont augmenté de seulement 20 %, contre 65 % pour les Etats-Unis, 300 % pour la Russie et 600 % pour la Chine. Face à l’aggravation des menaces, le réarmement de l’Europe est désormais une nécessité vitale : tous les Etats membres de l’Union européenne doivent se fixer l’objectif d’atteindre le plus vite possible 3 % de leur PIB annuel consacré aux dépenses de défense, même ceux qui n’appartiennent pas à l’OTAN. Cette augmentation de moyens permettra de renforcer notre industrie européenne et le soutien à l’Ukraine.

Proposition 2 : apporter un soutien massif à l’Ukraine pour repousser l’agression russe et refuser tout nouvel élargissement de l’Union européenne

Nous devons garantir un soutien massif à l’Ukraine dans son combat contre l’agression russe au niveau diplomatique, civil et militaire. L’industrie d’armement européenne doit tenir ses engagements et ses promesses de livraisons d’armes, de munitions et d’équipements. L’Europe devra s’investir dans la reconstruction de l’Ukraine une fois la guerre gagnée. Ce dont les Ukrainiens ont besoin maintenant, ce sont des armes et des munitions, pas des fausses promesses de M. Macron !

En revanche, il ne sert à rien de faire des fausses promesses, l’Union européenne n’est pas prête pour de nouveaux élargissements qui affaibliraient le projet européen. Il faut consolider l’Europe, pas l’élargir ! L’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie et les pays des Balkans occidentaux doivent être arrimés à l’Europe par des partenariats solides, mais non par des élargissements. Nous devons développer le statut d’Etat associé à l’Union européenne. Les négociations d’adhésion avec la Turquie doivent prendre fin.

Proposition 3 : introduire une préférence industrielle européenne pour le Fonds européen de défense (FED) et pour les commandes de l’Agence européenne de défense (AED)

Face à la montée en puissance de la Chine, la menace des pays comme la Russie, et nos intérêts potentiellement divergents avec les États-Unis, nous devons progressivement construire l’autonomie européenne en matière de défense industrielle. Nous proposons de réserver les moyens du Fonds européen de défense (FED) aux seules entreprises européennes et de tripler ses ressources au cours de la prochaine mandature (de 8 à 25 milliards d’euros). Nous proposons aussi de réserver les commandes de l’Agence européenne de défense (AED) aux seules entreprises européennes pour soutenir notre industrie de défense.

Proposition 4 : donner davantage de moyens à l’état-major de l’Union européenne pour qu’il devienne un centre d’opérations permanent et créer ainsi un « pilier européen » de l’OTAN

L’Union européenne doit disposer de moyens de planification et de contrôle militaires pour activer des opérations potentiellement sans les Américains. Il en va de notre puissance militaire et de notre autonomie stratégique. Il faut donner des moyens à l’Etat-major de l’Union européenne de conduire toutes les opérations militaires possibles de façon à créer un « pilier européen » de l’OTAN. Nous voulons renforcer la Capacité Militaire de Planification et de Conduite (MPCC) de l’Union européenne dont les pouvoirs ont été étendus en 2017.

Proposition 5 : créer un Fonds européen pour financer les opérations extérieures qui bénéficient à tous les Etats membres mais auxquels tous ne participent pas

La France est intervenue plusieurs fois en Afrique dans des opérations militaires extérieures qui ont bénéficié à tous les Etats membres de l’Union européenne en termes de sécurité mais que nous avons financé seuls. Ce nouveau Fonds européen permettra de faire en sorte que la France ne soit pas seule à financer des opérations extérieures qui bénéficient à tous les Etats membres de l’UE. Il permettra aux Etats membres qui ne souhaitent pas mobiliser leurs forces armées nationales d’apporter leur contribution financière à la Défense de l’Europe.

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