François-Xavier Bellamy : « Il faut se donner les moyens d’une politique migratoire puissante »

22 mai 2024

À la peine dans les sondages, François-Xavier Bellamy, chef de file de la liste LR pour les européennes, tente de s’extirper de la tenaille RN-Renaissance en resituant sa candidature dans un enjeu plus global : celui d’offrir une voix française au sein du PPE, premier groupe parlementaire européen.

Vous jugez que la crise en Nouvelle-Calédonie revêt une dimension européenne. Pourquoi ?

La Nouvelle-Calédonie, c’est la France et donc l’Europe. La Russie, la Chine et l’Azerbaïdjan ont intérêt à ce qu’elle s’efface du Pacifique. Or, quand des formations telles que LFI et le RN ne respectent pas le résultat des trois référendums, ils font le jeu des puissances étrangères. Ce qui me marque d’ailleurs, c’est le changement d’avis du RN : les députés ont voté pour le dégel du corps électoral et trois jours plus tard, Jordan Bardella estime que c’est irresponsable. Pareil pour tous les sujets : la sortie de l’euro, de l’OTAN… Le RN n’a aucune clarté.

Les sondages restent compliqués. On vous donnait à 12,5 % à la même période en 2019, et vous aviez fini à 8 %. Score où vous êtes aujourd’hui. De quoi craindre de passer sous le seuil des 5 %, non ?

Je ne fais pas de politique le nez sur les sondages. Je me bats parce qu’aujourd’hui, nous pouvons être, avec le PPE (Parti populaire européen), la première force politique de l’Europe. Plus nous serons nombreux à rentrer au sein du PPE, plus la France pourra compter en Europe.

Mais quelle est encore votre place au sein du PPE, alors que vous ne soutenez pas la présidente de la Commission européenne issue du groupe, Ursula von der Leyen ?

Ça n’empêche pas de rester pleinement dans le groupe. Nous avons jugé que le bilan d’Ursula von der Leyen, candidate d’Emmanuel Macron, imposait l’alternance. La moitié du PPE est aujourd’hui d’accord avec nous.

Comment pouvez-vous sortir de l’étau RN-Renaissance ?

Je refuse l’idée de cette condamnation à revivre le second tour de la présidentielle. Le vrai débat européen, c’est celui entre la droite du PPE et la gauche européenne. Car, si on regarde les deux formations que vous citez, que voit-on ? Une majorité présidentielle qui fait la politique de la gauche, et un RN qui pratique la politique de la chaise vide. Voter RN, c’est choisir le statu quo et laisser les mains libres à la coalition de gauche construite avec l’aide des macronistes et écologistes.

Dans votre programme, vous plaidez pour un plan « Fabriqué en Europe 2030 ». Comment ?

Ça signifie de sortir de l’asphyxie des normes, de construire des réglementations en accord avec la réalité des PME. On a l’agriculture la plus exigeante au monde. Ce faisant, on a organisé la décroissance du monde agricole et offert des parts de marché chez nous à des productions étrangères qui ne respectent aucune de nos règles. Pour nos agriculteurs et industriels, c’est la double peine : ils doivent faire avec toujours plus de complexité, tandis que les macronistes votent des accords de libre-échange qui ouvrent nos portes aux productions moins-disantes.

Votre proposition de construction de « barrières physiques aux frontières extérieures de l’UE » a fait réagir. Vous faites du « trumpisme » ?

Vous avez douze États membres qui demandent un soutien européen pour la construction d’infrastructures. Quand la Finlande construit des centaines de kilomètres de murs, ce n’est pas pour arrêter les chars russes mais pour ne pas subir l’arme migratoire que la Russie, comme la Biélorussie ou la Turquie, utilise. Ceux qui considèrent qu’il faut se désarmer face aux puissances étrangères sont les alliés du chaos. Je propose aussi d’instaurer un choc de conditionnalité avec les pays tiers qui refusent d’accepter les migrants. Il n’y a aucune raison qu’ils reçoivent un seul centime et un seul visa pour un pays européen.

La guerre en Ukraine a rebattu les cartes. Faut-il une armée européenne ?

Je n’y crois pas une seule seconde. Notre travail est d’assurer une coopération bien plus forte par la constitution d’une réelle industrie de défense. Le fonds européen de défense dont j’étais le rapporteur a obtenu huit milliards sur sept ans, là où les États-Unis en dépensent 300 par an. On est encore très loin de la réalité des enjeux. Nous proposons un triplement de ce budget et qu’on le réserve à des industries européennes.

Vous êtes contre l’intégration de l’Ukraine dans l’UE, pourquoi ?

Il faut soutenir les forces ukrainiennes. Et certainement pas en envoyant des troupes au sol, ce qui serait une folie absolue. En revanche, une intégration déstabiliserait l’agriculture, l’industrie et le marché intérieur européen. La France a déjà payé très cher les intégrations passées. Nous avons un outil, le statut d’État associé, pour arrimer l’Ukraine à l’Europe.

À propos des européennes, Gabriel Attal a parlé de référendum pour ou contre l’Europe. Vous le pensez ?

Arrêtons cette supercherie : plus personne ne parle de sortir de l’Europe, mais de ce qu’on doit y faire. La gauche veut la décroissance économique, elle fragilise notre industrie, combat le nucléaire. La droite, elle, considère que pour retrouver ordre et équilibre, il faut se donner les moyens d’une politique migratoire puissante, d’une écologie des résultats. La droite veut une Europe qui transmette ses valeurs et assume son identité. Si vous voulez renforcer cette force et que la France y fasse entendre sa voix, il n’y a qu’un camp politique possible, le nôtre.

>> Lire l’interview sur LaVoixDuNord.fr

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