« À normes inégales, la concurrence n’est plus loyale : protéger devient un devoir. »

Rapporteur de la mission d’information sur les contrôles des produits importés, le député Antoine Vermorel alerte sur la perte de maîtrise de la France et de l’Europe face à l’explosion des importations. Déséquilibre de la concurrence, normes contournées, plateformes en ligne peu contrôlées : il dresse un constat sévère et avance des propositions concrètes pour rétablir des règles du jeu équitables.Il répond à nos questions.

Pourquoi dites-vous que la France et l’Europe ont perdu le contrôle de leurs importations ?

Parce que nos frontières sont devenues de véritables passoires. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Aujourd’hui, seuls 82 colis sont effectivement contrôlés sur 1 million de produits importés, soit à peine 0,0082 %. C’est dérisoire au regard des volumes qui entrent chaque jour sur notre territoire. Dans ces conditions, prétendre faire respecter nos normes relève de l’illusion.
Dans le même temps, nos industriels, nos commerçants et nos agriculteurs sont soumis à des exigences toujours plus strictes en matière sanitaire, environnementale, sociale ou de sécurité. Cette asymétrie est profondément injuste. Des produits fabriqués à l’autre bout du monde, sans respecter nos règles, circulent librement en France et en Europe, pendant que ceux qui produisent localement sont pénalisés. Le résultat est connu : une perte de compétitivité, des emplois détruits, des commerces qui ferment, et un bilan carbone qui s’aggrave puisque nous importons ce que nous ne produisons plus.

Quelles solutions concrètes proposez-vous pour reprendre la main sur nos importations ?

La première priorité est de mettre fin à l’impunité des grandes plateformes de vente en ligne. Aujourd’hui, elles inondent le marché français de produits non conformes sans jamais assumer de responsabilité juridique réelle. Ce système n’est plus acceptable. Je propose que ces plateformes soient pleinement responsables des produits qu’elles commercialisent, avec des sanctions financières lourdes en cas de non-respect de nos normes, notamment sous la forme d’amendes administratives réellement dissuasives.
Ensuite, il faut revoir en profondeur notre stratégie de contrôle. Si près de la moitié de notre empreinte carbone est désormais liée aux importations, alors la moitié de nos efforts de contrôle doit porter sur ces importations. À moyens constants, la France a les capacités de le faire. Cela suppose de concentrer les contrôles là où le risque est le plus élevé, sur les produits extra-européens, et d’alléger en parallèle les contrôles sur les productions françaises qui respectent déjà des normes parmi les plus exigeantes au monde.

En quoi cette bataille sur les importations rejoint-elle le combat de la droite pour le travail, l’industrie et l’agriculture françaises ?

La droite a toujours défendu la valeur du travail, l’enracinement territorial et la production. Aujourd’hui, deux boutiques ferment chaque jour en France. Ce chiffre n’est pas anodin. Il reflète un décrochage progressif de notre tissu économique local, en partie alimenté par la concurrence massive de plateformes asiatiques qui vendent moins cher parce qu’elles sont moins-disantes sur les normes sociales, environnementales et de sécurité.
Redonner du sens au travail, c’est garantir une concurrence loyale. À normes égales, la concurrence est légitime. À normes inégales, la protection devient un devoir. Défendre notre industrie et notre agriculture, ce n’est pas sombrer dans un protectionnisme de repli. C’est exiger la réciprocité. Tout ce qui entre en France doit respecter les mêmes règles que ce qui est produit en France. C’est une question de justice économique, de souveraineté et de crédibilité.

Vice-président

Antoine Vermorel-Marques

Député de la Loire
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