Bruno Retailleau : « Aucun contrat n’est possible avec Macron »

20 juin 2022

Le président des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau, exclut tout accord entre son parti et la majorité présidentielle. Il appelle aussi son mouvement à « trancher (sa) ligne et (s’)y tenir ».

Si Emmanuel Macron n’obtient qu’une majorité relative, il pourrait avoir besoin de LR pour faire passer ses réformes. Quelle devrait être l’attitude de la droite dans ce cas ?

Nous n’avons pas à être la voiture-balai du macronisme. Ce serait une double trahison de nos électeurs. Parce que sur la sécurité, l’immigration, les dépenses publiques ou l’école, nos idées ne sont pas celles de Macron. Et parce que, en faisant confiance à nos candidats, les électeurs leur ont donné un mandat clair : siéger dans l’opposition. Nous devons respecter ce mandat, pas nous compromettre. La droite doit être d’abord le parti de la droiture.

Report de l’âge de la retraite, réforme du RSA, relance du nucléaire : ce sont pourtant des réformes que la droite aurait mises en œuvre…

Rejeter la confusion macronienne ne signifie pas tomber dans une opposition pavlovienne. Ce qui est bon pour le pays doit être soutenu au Parlement, mais sur la base d’un texte précis, et certainement pas d’un accord de coalition ni d’un contrat de législature. Aucun contrat n’est possible avec Macron. Car cela suppose de la confiance. Comment avoir confiance dans un homme qui un jour fait des clins d’œil appuyés à Mélenchon et le lendemain le déclare ennemi de la République ? Nos électeurs n’attendent pas des Républicains qu’ils soient un parti charnière destiné à sauver le macronisme en bout de course, mais qu’ils soient un parti de conviction, utile à la France.

Quelle doit être la position du Sénat vis-à-vis de l’exécutif ?

Le Sénat doit être un contre-pouvoir. Là encore, il ne s’agit pas d’être dans l’opposition systématique. Mais heureusement que le Sénat était là pendant l’affaire Benalla, après le fiasco au Stade de France ou pour enquêter sur les cabinets de conseil ! Le meilleur service qu’il puisse rendre à la France, c’est de faire vivre sa démocratie, d’être vigilant, soucieux de l’intérêt général mais jamais complaisant.

Nouvel échec pour la droite en 2022. Quelles leçons en tirer ?

Les échecs ont été cuisants. Mais la droite n’est pas morte. Pour autant, elle souffre de ne plus être crue, parce que nous avons trop déçu. Il va nous falloir assez d’humilité pour regarder en face les erreurs du passé, et assez de force pour ne pas nous trahir en tenant bon sur nos convictions. Ne nous perdons pas dans les batailles d’étiquettes : « sociale », « libérale »,« populaire »… La droite doit tout simplement être de droite, c’est-à-dire défendre la dignité par le travail, une école qui instruit, l’ordre dans la rue et dans les comptes, et notre mode de vie. La question de l’incarnation va se poser, bien sûr, mais nous avons d’abord besoin de clarification. Je veux une droite aux idées claires. Et on ne pourra pas clarifier dans la demi-mesure. Il faut cesser d’affadir nos convictions pour plaire à tout le monde, d’embrouiller notre ligne politique pour séduire le microcosme politico-médiatique. Il faudra trancher notre ligne et nous y tenir. Pour montrer aux Français que nous avons tiré les leçons de nos échecs.

Faut-il faire l’inventaire du passé, et notamment des années Sarkozy ?

Bien sûr. Il ne peut pas y avoir de rebond sans remise en question.

Serez-vous candidat à la présidence du parti ?

Nous comptons dans nos rangs des personnalités de qualité, et c’est une chance. Mais nous ne pouvons plus tolérer ces voix dissonantes qui, pour des raisons individuelles et des petits calculs, viennent détruire la ligne collective. Dans l’état où nous sommes, nous devons nous efforcer de trouver, collectivement, une solution à la question du leadership. Une chose est certaine : ça ne pourra pas être de l’eau tiède. Et j’y prendrai ma part.

>> Lire l’interview sur Le JDD.fr

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