Bruno Retailleau : « On ne peut pas s’habituer à une société du contrôle permanent »

2 novembre 2021

Bruno Retailleau, le patron du groupe LR au Sénat, veut limiter le passe sanitaire aux départements qui ont moins de 80 % de vaccinés.

Sénateurs et députés doivent se retrouver aujourd’hui dans le cadre d’une commission mixte paritaire pour trouver un compromis sur le projet de loi dit de vigilance sanitaire. Le chef des sénateurs LR, Bruno Retailleau, se déclare par ailleurs favorable à l’élargissement des conditions d’éligibilité pour la troisième dose de vaccin.

Le Sénat a engagé un bras de fer avec le gouvernement sur le nouveau projet de loi d’urgence sanitaire. Qu’est-ce qui pose problème ?

Le Sénat a toujours donné au gouvernement les moyens d’agir pour protéger les Français, en garantissant le respect des libertés individuelles. En juillet, il s’était positionné en faveur du passe sanitaire, parce que c’était un dispositif exceptionnel et temporaire. Mais cette fois, nous avons demandé au gouvernement d’assouplir sa position.

C’est-à-dire ?

Plusieurs points posent problème. Le gouvernement, dont on déplore qu’il tente de plus en plus de mettre le Parlement sur la touche, voulait enjamber l’élection présidentielle et repousser jusqu’ au 31 juillet 2022 l’état d’urgence sanitaire. Nous souhaitons, nous, faire un point d’étape au 28 février, parce que c’est dans le contrôle du gouvernement par le Parlement que réside la démocratie. Il est naturel que, dans une crise sanitaire, le gouvernement se soit vu attribuer des pouvoirs exceptionnels, mais la contrepartie doit être un contrôle renforcé. L’exécutif ne doit pas avoir peur de rendre des comptes. Le risque, sinon, est de faire peser le doute sur la sincérité de l’action publique, dans une période où beaucoup de nos compatriotes sont en état de sécession démocratique. Le second point concerne l’accès au statut vaccinal des élèves par les chefs d’établissement. Cette mesure est disproportionnée, et le secret médical doit rester un principe non négociable.

Vous souhaitez aussi « l’assouplissement » du passe sanitaire. Pourquoi ?

Nous avons accepté le passe sanitaire parce que cela nous semblait un instrument efficace, notamment pour susciter une nouvelle vague de vaccinations. Mais nous ne sommes plus dans les mêmes conditions sanitaires. Nous souhaitons le limiter aux départements qui ont un taux de vaccination inférieur à 80 % et dans lesquels il y a une circulation forte du virus.

Il y a pourtant des signaux faibles de reprise de l’épidémie. Est-ce prudent ?

Pour l’instant, ce regain n’a rien à voir avec ce que nous avons connu dans les vagues précédentes ; et la population française possède désormais un bouclier vaccinal efficace. Si le passe sanitaire demeure de façon permanente, le gouvernement prend aussi le risque de donner du grain à moudre à ceux qui l’accusent de profiter des conditions sanitaires pour imposer des contraintes aux Français. À partir du moment où elles sont meilleures, la liberté doit être la règle et la contrainte, l’exception. On ne peut pas s’habituer à une société du contrôle permanent.

Vous diriez que le gouvernement fait peser une menace sur les libertés ?

Il s’est habitué à des pouvoirs exceptionnels. Nous ne voulons pas l’entraver quand il faut protéger nos concitoyens, mais nous pensons que le moment est venu de sortir progressivement d’un état d’urgence très pesant pour les Français.

La troisième dose est aujourd’hui ouverte aux plus fragiles. Faudra-t-il l’élargir à tous pour s’assurer que l’épidémie ne reparte pas ?

Puisque nous voyons que la protection des vaccins diminue dans la durée, puisque nous ne manquons plus de doses, oui, j’élargirais dès à présent les conditions d’éligibilité de la population pour la troisième dose.

>> Lire l’interview sur LeParisien.fr

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