Philippe Bas : « Les pratiques suicidaires sont désormais proscrites »

18 octobre 2021

Le sénateur de la Manche, qui préside l’instance chargée de contrôler l’élection du candidat de la droite et du centre pour la présidentielle, réfute le risque de division.

Quelles sont vos priorités ?

Nous sommes chargés du contrôle, pas de l’organisation. Avec Olivier Dutheillet de Lamothe (ancien membre du Conseil constitutionnel) et Rémi-Pierre Drai (avocat des Républicains), nous sommes garants du respect de la démocratie pour la désignation de notre candidat ou de notre candidate à la présidentielle, ce qui suppose vigilance, indépendance et neutralité. Nous partons d’ailleurs d’une pratique bien rodée: six scrutins électroniques organisés depuis 2017, qui n’ont donné lieu à aucune contestation. Les statuts nous confient trois missions: valider le corps électoral, vérifier la recevabilité des candidatures, s’assurer de la sincérité du scrutin.

Si les adhésions au parti LR, obligatoires pour participer au scrutin, restent ouvertes jusqu’au 15 novembre, comment Les Républicains peuvent-ils écarter le risque d’un gonflement tactique de celles-ci ?

Notre première exigence a justement été de vérifier que les tentatives d’adhésions groupées pour compte d’autrui étaient bien détectées et immédiatement empêchées grâce au logiciel mis en place. L’instance de contrôle recevra un état régulier des anomalies éventuellement constatées. Les fraudeurs sont prévenus !

Pourquoi ne pas avoir attendu de savoir qui aura ses parrainages pour établir la liste définitive des candidats ?

Nous avons annoncé la liste des personnalités qui ont déposé leur candidature en s’engageant à soutenir le vainqueur du 4 décembre et en indiquant adhérer aux valeurs de la droite et du centre. Elles ne pourront être candidates que si elles recueillent d’ici au 2 novembre 250 parrainages d’élus d’au moins 30 départements, avec au plus 25 parrainages par département. Nous vérifierons l’authenticité de chaque parrainage.

Comment évaluerez-vous la sincérité des résultats ?

Nous nous assurons d’ores et déjà des fonctionnalités du dispositif de vote électronique. Il repose sur trois clés : le numéro d’adhérent figurant sur sa carte, l’identifiant reçu par voie postale, un code envoyé par SMS à l’adhérent au moment où il procède au vote. Et, là aussi, comme pour les adhésions, nous allons nous assurer que le logiciel détecte les tentatives de fraude, par exemple par des votes multiples à partir d’un même ordinateur. Le risque de « hacking » est également pris en compte. À l’issue du scrutin, les candidats auront 24 heures pour nous saisir d’éventuels griefs.

En cas de litige, quelle autorité prendrait en charge la gestion des conflits ?

L’instance de contrôle a seule compétence pour proclamer les résultats définitifs du scrutin, après avoir statué sur les contestations éventuelles et corrigé, s’il y a lieu, les anomalies relevées.

Cette mission vous empêchera-t-elle d’afficher votre préférence ?

Oui. Je me rattraperai ensuite en soutenant notre candidat ou notre candidate de toute mon énergie, car les Français ont un immense besoin d’une alternance républicaine responsable.

Quelle image de la droite les six candidats ayant demandé le soutien du parti LR donnent-ils ?

Celle d’un formidable vivier de talents qui se sont depuis longtemps préparés à servir la France au plus haut niveau et qui se retrouveront tous aux affaires le jour venu. C’est pourquoi il est si important, comme ils en ont tous manifesté l’intention, qu’ils mènent une campagne respectueuse de chacun, augurant leur capacité à travailler ensemble.

Sur quels points majeurs le choix des adhérents sera-t-il fondé ?

Crédibilité, autorité, proximité, volonté, sincérité. Les pieds sur terre et la tête au niveau des cimes. La capacité de dialoguer conjuguée à la détermination d’agir. La connaissance de ce que les Français sont et veulent devenir. Le partage de nos valeurs communes. Le travail et la sécurité. L’élan de la réforme conjugué à la préoccupation des plus faibles.

C’est une compétition, et il y aura des débats. Est-ce un risque de division ?

Personne ne peut prendre le risque de la division sans se disqualifier définitivement. Les pratiques suicidaires sont désormais proscrites. Chacun l’a parfaitement compris. Ce ne peut être, et cela ne sera pas, une bataille d’ego.

Comment jugez-vous votre famille politique alors que la campagne présidentielle s’aiguise déjà et qu’une candidature d’Éric Zemmour est probable ?

LR est une force de gouvernement incarnée par de nombreuses personnalités, avec un large éventail d’expériences et une capacité de renouvellement qui s’est manifestée avec éclat lors de scrutins locaux. C’est aussi la force d’alternance présidentielle la plus crédible de notre pays. Cela paraîtra encore plus évident quand le congrès aura départagé nos candidats. Nous aurons alors un candidat ou une candidate unique, et nous savons déjà que ce sera une personnalité politique d’envergure. L’alternance, ce n’est pas l’aventure. Être un agitateur d’idées ne destine pas à devenir président. C’est une responsabilité immense, qui ne laisse aucune place aux amateurs. Il y faut des références d’homme d’État. Présider, ce n’est pas philosopher, et commenter, c’est agir et commander.

Emmanuel Macron reste en tête dans les sondages. Peut-il être réélu ?

Après avoir habitué les Français à négliger la contrainte financière par le « quoi qu’il en coûte », voici qu’il est entré dans une campagne pour sa réélection « coûte que coûte », en multipliant les dépenses payées par le déficit. Le Covid a servi d’excuse pour ne pas réformer, mais les réformes étaient déjà encalminées avant la crise sanitaire, qui a aussi mis en lumière les faiblesses d’un mode de gouvernement souvent en retard sur l’événement, avant tout soucieux de sa communication.

Sur quelle question majeure le match de 2022 se jouera-t-il ?

La fin de l’étatisme qui entrave les initiatives des Français, de leurs entreprises, de leurs collectivités, de leurs associations. La valorisation du travail par rapport à l’assistance. Le combat contre les violences. Le coup d’arrêt à l’immigration clandestine. Le combat politique contre l’islamisme radical. Et, aussi, rétablir l’ordre et les comptes publics.

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