Raphaël Schellenberger, secrétaire général adjoint de notre mouvement et député du Haut-Rhin, s’interroge sur la perspective tracée par Emmanuel Macron sur l’énergie nucléaire. « Se projeter en 2030 est nécessaire, s’occuper des années qui nous séparent de cette échéance est urgent », juge-t-il.
Alors que la Programmation pluriannuelle de l’énergie prédisait une stabilité du besoin en électricité, Jean Castex vient de reconnaître que ce besoin allait augmenter de 20%. Ce changement de paradigme gouvernemental a conduit aux annonces faites le 12 octobre par Emmanuel Macron : la France doit renouer avec son destin nucléaire. Malheureusement, l’annonce de l’investissement de 1 milliard d’euros dans la recherche pour de nouveaux petits réacteurs, les SMR (small modular reactors), est totalement déconnectée des défis que la France doit relever dans les dix ans. Cet investissement, s’il est utile, reste un pari sur le futur.
Certes, les SMR permettront plus de modularité de notre système électrique et libéraliseront la production électronucléaire française. Mais, outre qu’ils vont poser un problème de contrôle sachant que la stratégie de sûreté de la France repose sur une expertise concentrée au sein d’un opérateur unique particulièrement exigeant, ils ne répondent pas aux besoins énergétiques immédiats de notre pays, assortis de la nécessaire décarbonation de notre économie.
En effet, la technologie des SMR n’est pas prête : les chantiers ne verront pas le jour avant dix ans. Or, si investir dans la recherche est nécessaire, il y a urgence à agir dès maintenant. Emmanuel Macron a promis de stopper 12 réacteurs dans les douze années à venir. Il nous faut donc lancer des projets immédiatement. La technologie disponible s’appelle l’EPR. Un engagement fort et rapide est indispensable au vu de nos besoins, car la France se rapproche de la précarité énergétique. Il y a donc une contradiction entre les annonces présidentielles et le besoin pour la France d’une énergie disponible, fiable et constante.
À l’occasion de la présentation de son plan France 2030, Emmanuel Macron, candidat à sa succession, fait de la communication, nous invite à rêver et à voyager, mais oublie le quotidien, la compétitivité et la sécurité. Se projeter en 2030 est nécessaire, s’occuper des années qui nous séparent de cette échéance est urgent.