Aurélien Pradié : « Emmanuel Macron peut s’inquiéter »

13 octobre 2021

Dans une interview au Figaro, Aurélien Pradié, secrétaire général des Républicains, salue la participation de Xavier Bertrand au congrès.

Comment accueillez-vous la décision de Xavier Bertrand de participer au congrès LR ?

Je salue la décision de Xavier Bertrand. Respecter sa parole, cela compte, pas seulement pour les militants, mais aussi dans le regard des Français. Il adresse un message à sa famille politique, et j’y suis sensible, en indiquant qu’il passe une étape après l’autre et qu’il en accepte les risques. Les tristes sires nous expliquaient que nous n’arriverions pas à nous rassembler le 4 décembre, que notre calendrier était mauvais, que nous étions la droite la plus bête du monde. Aujourd’hui, nous savons que nous aurons un candidat unique début décembre. Emmanuel Macron peut s’en inquiéter. Et nous, nous en féliciter.

N’avez-vous pas craint néanmoins que la droite ne parvienne pas à faire l’union ?

J’ai eu de sérieuses inquiétudes. J’ai craint les petits calculs politiques personnels de ceux qui supposaient que sur la division, le malentendu ou un petit trou de souris, ils pourraient réussir. J’ai dit plusieurs fois aux candidats qu’ils devaient être à la hauteur du rassemblement sinon ils disparaîtraient tous. Sans union, tous les candidats étaient condamnés. J’assume d’être brutal en le disant aussi clairement. Quand l’heure est grave, il faut dire les choses brutalement. Je pense qu’il y a eu un mouvement de prise de conscience. Ils savent qu’ils n’ont pas le droit de faire les imbéciles. Seule l’unité et le rassemblement permettront la victoire. C’est aussi la démonstration que les Républicains ne sont pas morts, ils fixent les règles du jeu.

Xavier Bertrand a-t-il obtenu des assurances de la direction de LR en échange de sa participation au congrès du 4 décembre ?

Non, aucune assurance ne lui a été apportée puisque c’est un vote démocratique qui aura lieu le 4 décembre. Je ne veux pas paraître brutal, mais aujourd’hui nous n’avons aucun général de Gaulle, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy. Notre chance de victoire, c’est en formant une équipe de France. C’est une vraie chance face à un Macron égocentré et solitaire.

Espérez-vous encore que des candidats forment un ticket avant le 4 décembre pour qu’il n’y ait plus qu’un participant ?

C’est à chaque candidat d’en décider. Pas à nous. Mais une chose est certaine : ma génération, qui a assisté à tant de défaites électorales, ne lâchera pas les candidats pour qu’ils se parlent. L’enthousiasme de la course au congrès peut produire chez les candidats des bouffées enivrantes. C’est naturel. Nous leur rendrons service en rappelant de temps en temps le devoir du collectif.

Vous aviez indiqué en bureau politique ne pas être favorable à des débats télévisés entre les candidats. Pourquoi ?

Je ne voudrais pas qu’avec le congrès nous retrouvions les défauts que nous nous sommes épargnés en évitant la primaire. Les petites phrases entre nous désespèrent les Français. Ils attendent que le politique reprenne le dessus pour changer leur vie et leur quotidien. Il ne s’agit pas de désigner un chef de clan mais le futur chef de l’État.

Sentez-vous un effet congrès sur les adhésions LR ?

Le nombre d’adhésions est en hausse (7 000 de plus depuis le congrès du 25 septembre, soit 87 000 adhérents). Des renouvellements annuels, la dynamique qui existe aux Républicains depuis un an et demi, et puis la volonté de participer au congrès du 4 décembre. Nous sommes bien vivants.

Ne craignez-vous pas que les dernières semaines de procédure aient lassé les Français ?

Il était temps d’en sortir ! Ce qui pouvait nous passionner n’intéressait pas les Français. Mais c’était une étape nécessaire, il fallait en passer par là. Désormais, place au débat d’idées. La procédure ne changera pas, elle est fixée. Nous pouvons donc parler de la vie de nos concitoyens. Ils attendent qu’elle change. Contrairement à ce que l’on pense, je ne crois pas que nous vivons une période dépolitisée. Au contraire. Les Français n’ont jamais autant attendu du politique. Ils veulent un projet politique capable de rassembler la nation. La fracture sociale, le mérite, l’espoir de réussite pour chaque Français est un terrain politique à reconquérir pour la droite.

N’y a-t-il pas un risque que vous soyez pris en tenaille entre Éric Zemmour et Édouard Philippe ?

Aucun des deux ne m’impressionne. Les deux ont en commun d’être des impostures. Quand Édouard Philippe prône de restaurer l’ordre dans les comptes publics et dans la rue, il oublie qu’il a considérablement augmenté la dette et qu’il était premier ministre au moment du saccage de l’Arc de triomphe ! Les Français ne sont pas dupes. Éric Zemmour se prétend gaulliste et tente de réhabiliter Pétain. Désolé de vous dire que ce n’est pas un détail. Pétain, la peine de mort, le mépris des femmes, ce n’est pas l’accessoire de la pensée de Zemmour. C’est le principal. Et ce principal n’a rien à voir avec la droite conquérante et optimiste que nous devons incarner. L’un comme l’autre sont des fantasmes. Plus les Français s’en approcheront, moins ils intéresseront.

Christian Jacob a été critiqué ces dernières semaines. Que répondez-vous à ceux qui voyaient en lui « le fossoyeur de la droite » ?

C’est une chance de l’avoir comme président des Républicains. Par sa sérénité, ses convictions, sa fidélité au Parti, il a fait la démonstration qu’il pouvait réunir et rassembler. Il n’a toujours pensé qu’à l’intérêt général. C’est une chose rare.

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