Comme tous les ans, le 8 mars va donner lieu à une litanie de déclarations énamourées à destination des femmes en regrettant qu’elles ne soient pas assez nombreuses à investir le devant de la scène politique. Ce 8 mars 2021 est pourtant particulier, car de cette date, dépend le bilan que nous pourrons dresser sur la présence des femmes à l’Assemblée nationale le 8 mars… 2023. Hé oui ! En politique, il faut savoir anticiper. Christian Jacob et Éric Ciotti ont récemment écrit aux fédérations Les Républicains pour que la stricte parité soit respectée dans les circonscriptions que nous comptons conquérir en 2022. C’est maintenant que se préparent les investitures pour les législatives ! C’est maintenant que celles qui hésitent doivent franchir le pas ! Je veux les y encourager.
J’ai fait ce choix il y a quelques années déjà, après avoir été enseignante. Quand je suis arrivée à Morteau, je n’y connaissais quasiment personne. Quelques années après, à force d’implication, par goût des rencontres et l’envie d’agir pour ma ville et ses habitants, je suis devenue maire. La ville identifiée à son art culinaire et à l’excellence horlogère s’est transformée. Active sur le plan économique, généreuse sur le plan social, elle est désormais également reconnue comme un centre culturel renommé. Ces évolutions constituent pour moi une immense satisfaction que seul l’engagement politique peut offrir. Ce type de parcours qui passe par le mandat local, selon moi irremplaçable, fonde un rapport humaniste à la politique. Il m’a conduit presque naturellement au mandat de député. C’est ce qui manque cruellement à certains députés élus en 2017 qui se rengorgeaient d’être neufs, sans expérience, recrutés par casting. Ils découvrent un peu tard et à leur détriment que le mandat local et la fréquentation du quotidien des Français sont indispensables. C’est pourquoi les prochains scrutins départementaux et régionaux sont si importants car ils sont de même nature.
Bien sûr, l’engagement politique est chronophage. Mais le sentiment d’avoir réussi à construire quelque chose d’utile à tous efface la fatigue des nuits courtes.
La vie politique est faite d’affrontements, parfois violents. Il faut aimer se battre pour ses convictions. Homme ou femme, il faut savoir s’imposer, défendre sa place et revendiquer sa compétence. Une petite différence, infime mais tenace, demeure cependant attachée aux femmes politiques, c’est celle de leur légitimité. Il leur faut régulièrement la défendre. C’est le revers de la médaille. Les lois sur la parité ont permis à davantage de femmes de s’investir en politique. C’est une très bonne chose. En revanche, les quotas ont engendré une interrogation infondée : seraient-elles arrivées là sans ce dispositif? À un moment ou à un autre, n’ont-elles pas bénéficié de ce coup de pouce consenti par les hommes ? Et du coup, certains ne peuvent se départir d’un regard un peu condescendant. Toutes les femmes politiques l’éprouvent à un moment ou à un autre. C’est agaçant, mais on peut désormais en sourire car le mouvement est irréversible. Désormais, les femmes seront de plus en plus nombreuses en politique et ces regards disparaîtront.
Si j’appelle des femmes à s’engager dans le combat politique, ce n’est pas pour qu’elles fassent de la figuration, ni par un quelconque désir de vengeance par rapport à un milieu longtemps masculin. Je ne crois pas que les hommes doivent « payer » leur domination passée. Je suis tout simplement convaincue que pour représenter la société, il faut des hommes et des femmes égaux en droits et libres de leurs choix.
Pour les Républicains, il est hors de question de pousser la candidature de femmes alibis. S’engager en politique, c’est choisir sa famille d’action et ses frères d’armes. Hommes et femmes, nous sommes des compagnons de combat. Nous sommes dirigés par un idéal commun, mais nous ne formons pas un mouvement caporalisé. Nous favorisons les débats parce qu’ils sont féconds. Nos différences d’origine, de sensibilité, de personnalité constituent notre force.
Si j’ai choisi de lancer cet appel à l’occasion du 8 mars, ce n’est pas pour vous dire de venir en tant que femme, mais pour vous encourager à vous engager en tant que femmes déterminées à servir l’intérêt général, selon les valeurs qui sont les nôtres chez les Républicains.
Annie Genevard
Vice-présidente de l’Assemblée nationale
Députée du Doubs
Présidente du Conseil national